À l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes, Patricia Stolf, Enseignante-chercheuse à l’Université Toulouse-Jean Jaurès sur le site de l’IUT de Blagnac et Professeure des Universités à l’IRIT depuis 2022, partage son parcours, ses projets inspirants et sa vision de la place des femmes dans le monde scientifique.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours scolaire et professionnel ?
Après un Bac scientifique, j’ai intégré l’INSA de Toulouse. J’ai toujours été attirée par l’enseignement et la recherche. Dès ma quatrième année à l’INSA, je me suis renseignée sur le parcours pour devenir enseignante-chercheuse. En parallèle de ma dernière année, j’ai suivi des cours de DEA en réseaux et télécommunications et effectué un stage en laboratoire de recherche, tout en enseignant à l’INSA. Ces expériences m’ont confortée dans ma voie. J’ai obtenu mon diplôme d’ingénieur en 2001, réalisé ma thèse au LAAS-CNRS, soutenue en 2004, et j’ai été recrutée Maître de Conférences en 2005. Depuis 2022, je suis Professeure des Universités à l’IRIT et responsable scientifique de l’équipe SEPIA, ainsi que chef de département informatique à l’IUT de Blagnac.
Pourquoi avoir choisi le domaine de l’informatique et du Cloud Computing ?
J’ai toujours apprécié les mathématiques. À l’INSA, j’ai hésité entre mathématiques et informatique, optant finalement pour cette dernière. À l’époque, il y avait une grande effervescence autour des projets informatiques, notamment avec le passage à l’an 2000. Mon stage de fin d’études et ma thèse portaient sur les clusters et grilles de calcul, précurseurs des infrastructures de cloud. J’apprécie les recherches appliquées et concrètes, notamment celles liées à l’économie d’énergie, une problématique sociétale et environnementale importante.
Quelles sont vos initiatives majeures dans la recherche ?
J’ai participé à plusieurs projets européens et nationaux, avec un fil conducteur : l’optimisation des ressources, que ce soit le placement des applications ou la consommation énergétique dans le cloud. Par exemple, j’ai étudié la dissipation de chaleur dans les centres de calcul et l’intégration d’énergies renouvelables pour réduire l’empreinte carbone des centres de calcul. Actuellement, je travaille sur des projets comme CareCloud du PEPR Cloud et E2CC, visant à rendre le cloud plus durable et soutenable.
Quelle est votre vision de la place des femmes dans le monde scientifique et pourquoi est-il important de promouvoir la féminisation de la science ?
La science est ouverte à tous, et ce qui est important, c’est la créativité et le sens que l’on trouve dans nos activités professionnelles. Aujourd’hui, les femmes sont peu présentes dans nos domaines. Nous recevons peu de candidatures féminines pour des stages ou des thèses, ce qui réduit le vivier disponible pour des postes d’enseignant-chercheur. Il est crucial de promouvoir la féminisation de la science dès le plus jeune âge, par l’éducation et la sensibilisation, pour encourager les filles à s’intéresser aux sciences.
Quelles sont vos modèles féminins dans votre domaine ?
L’histoire de la science a montré que de nombreuses femmes ont eu leur place. Par exemple, Marie Curie dans le domaine scientifique, Ada Lovelace, considérée comme la première programmeuse informatique, et Radia Perlman, surnommée la « mère de l’Internet », ont toutes montré que l’excellence et l’innovation ne connaissent pas de genre.
Quel est votre avis sur l’évolution dans les institutions académiques et les entreprises pour un environnement plus égalitaire et inclusif ?
Depuis plusieurs années, des initiatives sont menées dans les universités et laboratoires pour un environnement plus inclusif. Des sensibilisations sont faites sur les thèmes d’égalité, parité et handicap. Par exemple, nous sommes formés sur les biais inconscients et les stéréotypes de genre. Il me semble que la même dynamique est en place dans les entreprises. Ces évolutions prennent du temps, mais il est important de continuer dans cette voie, car la diversité dans les équipes de recherche enrichit la recherche scientifique.
Avez-vous un conseil à donner à une jeune femme qui souhaite se lancer dans la même carrière que vous ?
C’est une carrière que je referais sans hésiter. C’est un métier passionnant, et j’encourage les femmes comme les hommes à suivre ce parcours. Notre carrière se construit aussi avec des rencontres et des opportunités. C’est un métier très collaboratif, avec de nombreux projets en partenariat. Les rencontres sont très importantes, et ce métier est plein de rebondissements.
_Le mot de la fin_
Patricia Stolf illustre parfaitement la capacité des femmes à s’illustrer dans le domaine scientifique. Son engagement et son discours pour la parité témoignent de la contribution significative des femmes à la recherche, soulignant l’importance d’une représentation équilibrée pour un avenir plus inclusif.
Exemple de publication : Survey sur les centres de calcul alimentés par des énergies renouvelables
Sa dernière publication : Cas d’application pour améliorer la consommation d’énergie dans les plateformes HPC